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Interview de Mme Isabelle Lamour


AAF : Première question Madame LAMOUR : dans l’hypothèse où vous êtes réélue présidente de la FFE, comment envisagez-vous les rapports entre la Fédération et l’AAF ? ISL : L’élection passée, j’envisage de reprendre dans l’apaisement les sujets déjà entamés avec l’AAF et qui méritent maintenant qu’on les approfondisse, à savoir : la formation des enseignants et l’escrime artistique. Mais je tiens à le rappeler ici. C’est bien la Fédération qui a reçu la délégation pour la formation et le développement de l’escrime sous toutes ses formes et donc également pour l’escrime artistique, les actions sport santé, le sabre laser, et cætera….  Cela dit, la FFE a évidemment envie d’échanger sur la formation avec l’AAF et la commission des éducateurs. L’avis de l’AAF sur ce sujet est précieux pour nous.


AAF : Comment envisagez-vous ces échanges entre la FFE et l’AAF sur les thèmes de la formation, de l’escrime artistique … ? ISL : Je pense que tout devient possible dès lors que nous sommes d’accords au préalable sur un certain nombre de principes et d’actions communes. Nous pourrons ensuite débattre sereinement de leur mise en œuvre.  Voyez-vous, j’ai l’habitude de travailler avec Michel Olivier. Il est membre du Comité Directeur et Préside la Commission Escrime Artistique. Michel Olivier en tant que président de l’AAF m’a dit d’ailleurs clairement lors de mon premier mandat : l’AAF est apolitique. La parole de son Président est donc au-dessus des différends et cela me va. Je sais aussi que l’AAF va élire prochainement son Président. En attendant, je continuerai donc à parler avec Michel Olivier. Etant précisé que de notre côté, d’ici notre prochaine assemblée générale, nous serons bien structurés.   Je veux donc qu’avec mon interlocuteur privilégié, de Président à Président(e), nous augmentions nos échanges dès que l’élection sera passée.  AAF : Si je résume, vous allez augmenter les échanges, de Présidente de la FFE à Président de l’AAF, pour évoquer un certain nombre de grands thèmes après avoir défini un accord sur des principes de base qui seront le socle de vos discussions. ISL : C’est cela.  Et je le redis ici : ce qui m’anime, c’est de travailler en concertation.  Les conflits et déstabilisations qui peuvent avoir existé depuis deux ans du fait d’une campagne qui a débuté très tôt ont engendré des dissensions qui doivent cesser après l’élection. Je comprends que ceux qui ne vivent que de l’escrime mettent énormément d’enjeu dans nos débats. Mais il est temps ici d’apaiser les tensions, de rassembler les escrimeurs qu’ils soient ou non bénévoles, de revenir aux chiffres réels et de sortir de cette déstabilisation qui dessert notre sport. Ce qu’il faut désormais, c’est cesser d’ôter l’envie de se faire plaisir. Il faut retrouver l’envie d’apporter du plaisir grâce à l’escrime qui nous rassemble tous.  AAF : Voyez-vous d’autres points sur lesquels l’AAF aurait un rôle à jouer dans le cadre des échanges que vous envisagez de mettre en place avec l’Académie ? ISL : J’aimerais insister sur un point particulièrement.  Vous savez qu’aujourd’hui la FNMA n’existe plus. Or, bon nombre des maîtres d’armes que je rencontre, qu’ils soient ou non membres de l’AAF, s’interrogent sur une organisation, ou un syndicat, qui représenterait les enseignants de l’escrime. Actuellement, certains adhèrent à des syndicats des métiers du sport mais, en ce qui concerne leur corporation à proprement parler, ils ne s’estiment pas représentés. Selon moi, c’est un sujet dont il faut s’emparer.  Voilà un axe dont j’aimerais discuter avec l’AAF. AAF : Deuxième sujet, et toujours dans l’hypothèse où vous êtes réélue présidente de la FFE, comment pensez-vous pouvoir accompagner les clubs qui vont connaître des difficultés de trésorerie du fait de l’actuelle crise sanitaire ? ISL : La « crise COVID », depuis 6 mois que nous la gérons au quotidien, nous la connaissons.  Il y a 4 axes de réponse à votre question, avec une ligne de conduite : vigilance et réactivité.

  • La ligne de conduite est : être excessivement réactifs en fonction des circonstances. On ne peut pas se projeter sur la façon dont les choses vont se passer à très court terme. C’est une situation si particulière, si inédite ! Regardez, en juin on ne pouvait pas savoir comment allait se passer cette rentrée de septembre et aujourd’hui, objectivement on ne sait pas ce qui se passera en novembre.

  • En ce qui concerne les quatre axes, ce sont les suivants : 

    • Compte-tenu de ce qui a été mis en place, observons comment se passe la rentrée.

    • Rappelons les dispositions liées au Plan COVID.

    • Notons les moyens propres à la Fédération obtenus par suite des travaux mis en œuvre en vue de l’assainissement de ses finances.

    • Apprécions les moyens offerts par les pouvoirs publics.


AAF : Commençons par le 1er axe dans ce cas. ISL : A ce jour, le moins qu’on puisse dire, c’est que nous n’avons pas fait une rentrée post-Olympique dans un contexte ordinaire ! Si les conditions de cette rentrée sont hétérogènes, je dois cependant rendre compte du fait, compte-tenu des retours réels qui émanent du terrain, que dans l’ensemble, cela se passe plutôt bien. Sans faire de généralisation bien sûr ! Ce que j’en conclus, c’est que finalement les mesures adoptées dans le cadre du « sport barrière » ont porté leurs fruits. Le gros effort de communication réalisé sur les réseaux sociaux, sur Gulli, … ont rassuré les tireurs et les parents. Nous avons mis la sécurité en avant. Logique : c’est un thème inscrit dans notre ADN. Si nous étions peut être un peu moins accoutumés à la sécurité sanitaire, on a su s’adapter dans ce contexte compliqué et on a réussi à ouvrir nos salles.  Face à ce constat objectif, avant de décider quoique ce soit, attendons encore un peu pour voir comment cette rentrée se sera réellement passée. AAF : Quel est le deuxième axe ? ISL : Il s’inscrit dans le cadre du « plan COVID ».  Dans le « plan COVID », on a voté un certain nombre de dispositions dont le montant global s’élève à plus de 300 000 euros. Une partie a déjà été fléchée sur les clubs via les Comité Régionaux dans le cadre de l’achat de matériel. Grâce à l’important travail de la Commission Médicale et du Secrétariat Général, nous avons pu proposer des produits désinfectants adaptés qui n’engendrent ni allergies, ni perturbateurs endocriniens. L’achat de ses produits a été pris en charge en partie par la FFE.  De plus, dans le cadre de ce plan, une enveloppe de plus de 100 000 euros a été spécialement fléchée sur l’accompagnement des clubs en difficultés. Tout ceci constitue une première enveloppe budgétaire AAF : Comment ces clubs peuvent-ils prétendre à cette aide spéciale ? ISL : Eh bien je leur dirai : faites-nous part de vos difficultés, votre dossier sera étudié et nous verrons comment vous accompagner. AAF : Qui faut-il contacter pour réclamer cette aide ? ISL : ils peuvent contacter la FFE directement ou prendre attache auprès de leurs Comités Régionaux qui sont sensibilisés à cette aide car ils étaient présents lors de l’assemblée générale où elle a été votée. De plus, pour les clubs qui seraient en difficultés, on a mis en place un dispositif sur lequel nous allons communiquer plus largement. Il s’agit d’une avance de trésorerie sur les licences qui pourront être réglées dans quelques mois. AAF : Comment les clubs peuvent-ils en bénéficier ? ISL : Là encore, que les clubs concernés se manifestent auprès de nous. Enfin : la précédente saison sportive a cessé au 15 mars on ne sait pas comment va être la nouvelle. Est-ce que toutes les catégories vont pouvoir reprendre alors qu’on a des organisateurs qui déjà se désistent ? On a suspendu le « Pass Compétition » qui n’est donc plus obligatoire pour cette saison.  AAF : Qu’en est-il de votre 3ème axe ? ISL : Aujourd’hui, on a des finances qui sont largement assainies avec un fonds de roulement de l’ordre de 2 M€. Cette somme permet d’avoir les reins un peu solides pour accompagner ceux qui seraient vraiment en grande difficulté. Nous gérerons au cas par cas.  AAF : Ce qui nous amène sans doute à votre 4ème axe ? ISL : Vous avez noté que la Ministre a annoncé une baisse de 20% des licenciés et a tiré des conclusions logiques. C’est un accompagnement de 120 M€ qui a donc été fléché par l’Etat sur la filière sport. On peut de ce fait, imaginer un accompagnement de la part des pouvoirs publics qui communiqueront le moment venu les modalités d’attribution de ces aides. Par ailleurs, il y a une quinzaine de jours, nous sommes allés à l’Agence Nationale du Sport avec la DTN. À la suite de cette rencontre, je peux annoncer que des sommes qui étaient fléchées sur les Championnats d’Europe Seniors et les Championnats du Monde Cadets-Juniors pourront être affectés aux déplacements concernant ces mêmes catégories. C’est un autre mode de soutien apporté aux clubs qui ont des athlètes dans la filière d’accès au haut niveau.  Voilà aujourd’hui les dispositifs qui existent et qui sont en place.  De plus, à ce jour, et j’insiste sur « à ce jour », assez peu de clubs sont en difficultés financières. Cela résulte très clairement des enquêtes qui ont été réalisées auprès des Comités Régionaux. Durant la crise, les dépenses ont baissé. Les clubs ont pu bénéficier du chômage partiel pour les enseignants et n’ont pas eu les coûts des compétitions.  AAF : Mais il y a tout de même des inquiétudes fortes dans les clubs ? ISL : Je ne dis pas que ce qui arrive n’est pas anxiogène. La situation est très anxiogène. Elle l’est pour tout le monde, dans tous les domaines, dans tous les secteurs économiques et donc également pour nos clubs.  On sera donc bien sûr en soutien et en accompagnement pour nos clubs au travers des dispositifs que je viens d’évoquer. Nous serons également en fort accompagnement grâce à une information rigoureuse sur les dispositifs mis en place par l’État de sorte que chacun puisse en bénéficier en fonction de sa situation. Mais pour pouvoir les activer pleinement et avec la plus grande efficacité, attendons de voir comment la situation évolue.  Enfin, j’estime que nous avons prouvé qu’on pouvait être réactifs dans le cadre d’une gestion de crise exceptionnelle. Nous avons démontré, par nos actes, notre capacité à accompagner nos clubs.   Nous sommes donc convaincus que nous détenons les moyens de poursuivre efficacement notre mission afin de continuer ensemble à agir pour l’escrime ! 

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